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L’IMAGE DU JOUR : Même Jésus porte un slip siglé…

7 Juin

oeuvre de Giuseppe Veneziano, présentée à la Biennale de Venise, et installée dans le Pavillon de l’Italie à l’Arsenal, ce jésus en slip siglé Docce&Gabbana devrait réjouir nos amis intégristes, ceux qui ont saccagé le superbe Piss-Christ de Serrano dernièrement à Avignon… 🙂

VENEZIA : A la biennale, Jan Fabre se fait de nouveaux amis !

7 Juin

Jan Fabre scandalise (!) le pieux public de la biennale avec son installation à la Scuola Grande della Misericordia, où sa pieta (cf détail) n’est visiblement pas du goût de tous… Allez, Jan, vas-y, c’est comme ça que l’on t’aime !

VENEZIA 54e BIENNALE : quelques vues de l’esprit…

5 Juin


Performance « Track and Field » de Allora & Galzadilla dans les jardins de l’Arsenal


oeuvre de Riccardo Mannelli dans le pavillon italien


Installation de Katarina Fritsh (Pavillon allemand)

54e BIENNALE DE VENISE : du chaud et du sacré dans le jardin des vierges

4 Juin

Une biennale très hot et un clin d’oeil très italien de l’artiste et designer Gaetano Pesce… La porn-star Vittoria Risi pose nue sur l’oeuvre de Gaetano Pesce, avec le padre Elio en extase, qui semble effectivement goûter aux vertiges de l’art contemporain. Le sacré et le profane dans le jardin des vierges de l’Arsenal.


(Photos La Republica)
Cf la galerie photos

54e BIENNALE DE VENISE : Boltanski et Tintoretto en eaux glauques…

5 Mai

Evénement incontournable de l’Art contemporain -et des mondanités- la 54e biennale de Venise ouvrira ses portes le 4 juin prochain (vernissage le 3 pour les heureux invités). Au programme, de nouveaux pavillons tout neufs, un hommage à Tintoret, le peintre local, et, ô surprise ! le Pavillon français confié à… Boltanski (qu’on aime, par ailleurs). Bref, rien de bien nouveau sur la lagune…

Plus de deux mois avant son inauguration officielle, les grandes lignes de la 54e Biennale de Venise, événement artistique international incontournable, étaient annoncées hier, sous les somptueux lambris de l’hôtel de Galliffet, rue de Grenelle, siège de l’Institut Culturel italien. Paolo Baratta, président de la Biennale, et Bice Curiger, commissaire de l’Exposition internationale, sont venus y présenter le projet, intitulé ILLUMInazioni – ILLUMInations, jeu de mots entre l’idée de lumières (allusion au luminisme en peinture, à la pensée éclairée des philosophes du XVIIIe siècle, mais aussi aux enluminures, à Rimbaud ou à Walter Benjamin), et le concept de nation.

Si l’organisation de la Biennale en pavillons nationaux paraît depuis quelques années dépassée, à l’heure où les artistes n’ont jamais été aussi nomades, Bice Curiger a décidé d’affronter directement le débat, « avec lucidité et humour ». Selon la commissaire suisse, co-fondatrice de la revue d’art contemporain Parkett, directrice du magazine Tate etc et curatrice au Kunsthaus de Zurich, la nation est une « métaphore de la communauté », dont de nouveaux modèles émergent aujourd’hui sous forme de scènes artistiques ou de collectifs. Elle souligne également la fréquence dans l’art des questions d’identité et d’héritage culturel. Evoluant sur une corde un peu raide, Bice Curiger avoue que « beaucoup échappera à (son) contrôle » et que la Biennale doit ressembler à « un bazar, dans le bon sens du terme ».

Le président Paolo Baratta a quant à lui rappelé que de plus en plus à chaque édition, de nombreux pays montrent leur volonté d’obtenir un Pavillon à la Biennale. Cette année, l’Inde, le Bangladesh, Haïti, le Zimbabwe, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud sont ainsi conviés à Venise. Paolo Baratta soulignait l’influence des événements politiques récents, puisqu’aucun pays d’Afrique du Nord n’est présent, et qu’un pays comme le Bahreïn, présent à la Biennale d’Architecture l’an passé, a retiré sa participation. Le Japon, malgré la catastrophe qui l’a frappé, n’a pas annoncé son retrait.

La figure du peintre vénitien Tintoret a été plusieurs fois évoquée. Trois tableaux du grand maître de la Renaissance seront inclus dans l’Exposition internationale à Venise, « lieu où l’Histoire est très présente ». L’intention de Bice Curiger n’est pas de le faire se mesurer aux artistes contemporains, mais plutôt de « provoquer les conventions », à savoir une certaine tendance de l’art contemporain au rejet de l’art ancien. Par ailleurs, des « para-pavillons » doivent permettre d’« intensifier le dialogue entre les œuvres » — avec par exemple une sculpture d’Oscar Tuazon, la reconstitution de la cuisine de Franz West ou la maison des parents de l’artiste chinois Song Dong —, tandis que les « Biennale Sessions » proposent un programme de recherche pour les étudiants.

Un peu plus d’un tiers des 82 artistes de l’Exposition internationale a moins de 35 ans, 32 sont des femmes (Yto Barrada, Monica Bonvincini, Trisha Donnelly, Latifa Echakhch, Klara Liden, Mai-Thu Perret…). Beaucoup n’ont jamais exposé à la Biennale de Venise. Parmi eux, citons quelques jeunes Français : Mohamed Bourouissa, Cyprien Gaillard, Loris Gréaud, Oscar Tuazon (Américain vivant à Paris).

Le pavillon français a été confié à Christian Boltanski, sous commissariat de Jean-Hubert Martin, avec une installation, Chance – Les jeux sont faits, évoquant la naissance et la tension entre hasard et destin. Dans les autres pavillons, on attend notamment Markus Schinwald pour l’Autriche, Angel Vergara (Belgique), Sigalit Landau (Israël), Dora Garcia (Espagne), Navin Rawanchaikul (Thaïlande), Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla (Etats-Unis).

Pour un budget d’environ 12 millions d’euros (dont 90% de ressources propres), la Biennale de Venise entend attirer, pendant ses six mois d’ouverture, autant de visiteurs que lors de sa précédente édition, soit 400 000 personnes.

Magali Lesauvage / fluctuat.net

ILLUMInazioni – ILLUMInations, 54e Biennale de Venise, Arsenal et Giardini, du 4 juin au 27 novembre 2011.
www.labiennale.org

EXPO : Louise Bourgeois, éclairs d’«Eugénie»

10 Jan

A Paris, la plasticienne disparue l’an dernier fait l’objet d’une expo autour de sa série sur l’héroïne balzacienne Eugénie Grandet.

«J’aime cette histoire, elle aurait pu être celle de ma vie.» Tels sont les mots qu’employa Louise Bourgeois (1911-2010) pour évoquer sa connivence avec l’héroïne balzacienne par excellence, triste Saumuroise dont la vie n’est qu’attente et déception, Eugénie Grandet. On rapproche à première vue difficilement l’enfermement cruel de Mlle Grandet, qui ne quitta jamais son village de province, et l’existence de la plasticienne dont les œuvres sont mondialement connues et qui passa sa vie entre Paris et New York où elle mourut le 31 mai dernier. Pourtant, l’exposition proposée depuis début novembre à la Maison de Balzac (Paris XVIe) nous montre que l’identification de sa propre condition de femme à la solitude du personnage d’Eugénie est totale et crédible.

Aquarelles. A travers un trousseau de jeune fille qu’on aurait retrouvé au fond d’une poussiéreuse armoire familiale, fait de chiffons brodés d’initiales, de perles et de fausses fleurs, Louise Bourgeois retrouve les racines d’une mère tisserande et glorifie la douceur désuète d’un quotidien inlassablement répété, celui d’une jeune fille qui «passe sa vie à raccommoder des torchons».

Ponctuée par des extraits de l’œuvre publiée en 1833 et dont Bourgeois n’a jamais souhaité s’éloigner, l’exposition, située dans la maison même de l’écrivain, nous replonge dans l’incomparable beauté du roman dont elle fournit un éclairage nouveau. Loin de plaquer sur l’œuvre une interprétation univoque, Louise Bourgeois se livre aussi bien à la célébration nostalgique de la chaleur du foyer, dont elle regrette la quiétude et l’humilité des tâches accomplies, qu’à la violente dénonciation de la frustration liée à la condition de jeune fille par une série d’aquarelles situées en seconde partie. Elle y déforme le corps féminin, prisonnier de liens convulsivement tracés, imposés par soi-même et par l’autre, un père dont la tyrannie et l’avarice dépassent de loin celles d’Harpagon. Le fœtus peint dans un ventre rouge et son horrible expression de douleur évoquent l’impossibilité de se réaliser, l’insupportable avortement du rêve enfoui qui hurlait d’impatience – celui que dut subir Eugénie Grandet lorsqu’elle apprit après dix ans que son cousin Charles, seul amour qu’elle connut, ne reviendrait jamais pour l’épouser.

Emprise. La rassurante douceur de l’isolement devient donc flétrissement et solitude, à mesure que le temps passe et ramène chaque rêverie d’adolescente au rang d’illusion irrémédiablement atrophiée. Le personnage d’Eugénie est pour Louise Bourgeois «une femme qui n’a jamais l’occasion d’être une femme» – elle était pour son créateur celle qui, «faite pour être magnifiquement épouse et mère, n’a ni mari, ni enfants, ni famille». Pour autant, ayant su se défaire de l’emprise de son père et fuir un milieu qui ne lui était guère plus favorable que celui dans lequel Balzac plaça son héroïne, l’artiste semble ici exorciser les démons d’une jeunesse angoissée passée dans la constante appréhension du pire.

EUGÉNIE ADDA / 10 janvier 2011 / NEXT

Louise Bourgeois Moi, Eugénie Grandet… Maison de Balzac, 47, rue Raynouard, 75016. Tlj sauf lundi de 10 à 18 heures. Jusqu’au 6 février. Rens. : 01 55 74 41 80.

EXPO : Les mots magiques des Egyptiens pour l’éternité

12 Nov

C’est une grande première. Une exposition inédite par la fragilité des documents jamais montrés et par leur quantité. Il s’agit de ce qu’il est convenu d’appeler le Livre de la mort de l’ancienne Egypte, des métrages de rouleaux de papyrus ayant souvent plus de 3 000 ans et en parfait état. La plupart de ces manuscrits millénaires proviennent du British Museum, qui en conserve le plus grand nombre et les présente à Londres, jusqu’au 6 mars 2011, dans la rotonde de sa bibliothèque.

Déposés dans les sarcophages, aux côtés des momies, à l’abri de la lumière et dans l’air sec du désert, ces textes sacrés qui accompagnent le voyage dans l’au-delà, souvent richement illustrés, ont conservé toute leur fraîcheur. Les couleurs ont gardé l’éclat d’origine, les blancs, rouges, bleus, bruns, leur densité. Les hiéroglyphes ont la régularité du trait au carbone des scribes de haut vol.

Cette précieuse BD sur papyrus apparaît au XVIIe siècle avant J.-C., sorte d’antisèche du défunt qui contient les formules magiques à connaître pour s’assurer de la vie éternelle. Jusque-là, elles étaient peintes sur les coffres de bois des cercueils, gravées sur les stèles de pierre, écrites sur les bandelettes des momies, recouvraient les murs des tombeaux des pharaons et des dignitaires de la vallée des Morts en Haute-Egypte.

«  »Le Livre de la mort » est un guide pour le nouveau monde, indique John H. Taylor, conservateur au British Museum et commissaire de l’exposition. Nous avons cherché à recréer, pour le visiteur, le voyage qui conduit le défunt jusqu’à l’entrée du paradis.Les Egyptiens croient que l’esprit du mort, libéré, voyage vers une nouvelle vie, une vie future. »

De la même manière que le soleil disparaît pour renaître à l’aube, que la fleur meurt en hiver pour s’épanouir à nouveau au printemps, que le Nil est en crue chaque année, l’Egyptien est convaincu que l’homme, partie du cosmos, a lui aussi accès au cycle éternel. Après sa mort, le défunt entreprend un périlleux voyage au royaume des dieux. Il doit exécuter de complexes rituels, résister aux bêtes féroces, répondre aux questions pièges et connaître quantité de formules magiques pour atteindre l’Eden. Le Livre de la mort est une compilation de paroles sacrées pour toutes circonstances.

La réussite du voyage céleste reste une question d’argent. « Si vous êtes riche, et détenez ce livre, c’est plus facile et plus rapide, vous connaissez votre texte et ce qu’il faut dire », convient John H. Taylor. Le plus long rouleau connu, de 37 mètres, exposé pour la première fois, est celui de Nesitanebisheru, fille du grand prêtre d’Amun (990-969 av. J.-C.), une des femmes les plus importantes d’Egypte. Il provient des tombeaux royaux de Deir El-Bahari.

Le plus richement illustré est celui d’Ani (1275 av. J.-C.), scribe du pharaon. Il relate la pesée du coeur par le tribunal céleste, qui sera déterminante. Anubis, dieu à tête de chacal, ajuste la plume qui fait contrepoids. Le « bâ », l’esprit d’Ani, oiseau à tête humaine, surveille la scène. La balance doit être en équilibre pour prouver la pureté du coeur. Ce jugement marque la fin de l’existence d’Ani et le commencement de sa vie future.

La muséographie met en scène les étapes successives imposées au défunt, depuis sa mort jusqu’au « Champ de roseaux », paradis de l’Egyptien. Dans la pénombre des salles, objets et textes racontent par le menu la momification. Jusqu’à l’image scannée d’une momie dont on constate qu’elle a gardé sur elle tous ses bijoux et gris-gris. On suit la mise au tombeau, la libération du bâ, la réouverture de la bouche, des yeux, du nez du défunt préparé pour l’expédition au royaume des dieux.

La momie de Katebet (1300-1275 av. J.-C.) est là, intacte, dans son tombeau reconstitué, à côté des quatre jarres qui renferment ses entrailles. Elle est emmitouflée dans ses bandelettes de coton, les bras croisés ; son masque d’or a la beauté régulière de son visage. Le scarabée noir, porté en amulette pour son voyage dans l’au-delà, est le symbole de l’éternité.

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« Ancient Egyptian Book of the Dead ». British Museum, Great Russell Street, Londres WC1B 3DG. Jusqu’au 6 mars 2011. De 10 heures à 17 h 30 ; jusqu’à 20 h 30 les jeudis et vendredis. 12 £ ; entrée libre jusqu’à 16 ans. Catalogue, éd. The British Museum, 320 p., 30 £. Sur le Web : Britishmuseum.org.

Florence Evin
le Monde – Article paru dans l’édition du 09.11.10