Archive | décembre, 2010

CIAO l’ESPRIT : c’est la fête pour nous aussi !

20 Déc

Eh oui ! Un esprit clair est un esprit détendu. Donc, nous aussi, nous prenons nos quartiers d’hiver et interrompons quelques jours le flux de L’ESPRIT, votre blog de belle humeur et de mauvais esprit. Foin de l’actu de toutes façons toujours à pleurer, nous nous éloignons de ce monde barbare pour ressourcer nos envies et élargir notre point de vue.. Un monde sans pitié qui chaque jour jette un peu plus de gens à la rue, alors que nos amis de la finance goûtent à un repos bien mérité.

Bye bye donc, vaches, veaux, cochons, vive la nouvelle année qui arrive à grands cris et qui risque d’être tout aussi effroyable que la précédente. A nous tous de veiller, chacun depuis notre modeste place, à en adoucir les scories et les dommages collatéraux. Un Esprit de veille qu’il va bien nous falloir réarmer, en aiguiser les lames et abonder les cartouches. Et en ces temps de « fêtes » qui ne le sont pas pour tout le monde, volontiers oublieux de la dure réalité de nos temps post-modernes, il nous faudra tous recharger nos énergies pour être fin prêts à affronter l’année qui vient, lucides et déterminés. Une année d’encore crise et de toujours plus d’indignation devant ce monde qui se vautre dans l’obscénité du libéralisme économique et la misérable déliquescence des idées, des libertés et des espérances.

Il est temps de renouer avec le peu de rituels gratuits et poétiques qu’il nous restent, un temps de légèreté, de bonheur et de bonne énergie qui nous font aimer ces fêtes comme l’annonce d’une nouvelle vie, dans un monde forcément meilleur. Dont acte. Vive la fête, sous toutes ses formes, que celles-là nous soient bénéfiques et nous rapprochent un peu. A très bientôt : nous reprendrons le flux dès le 5 janvier prochain. D’ici là, oubliez vos activités normales et plongez avec délice dans la légèreté de l’être et l’explosion des sens.

Ciao. Profitons tous de ces doux moments de plaisir.
Et, en clin-d’oeil à l’ami Michel, A l’an que ven !

Antonio Sanz

EXIT(s) : Les fêtes cul selon la Mie de l’Art

17 Déc

Cul comme culture, voyons ! N’allez pas vous imaginer des trucs. En attendant, je crois qu’hélas, chez nous à Avignon en tout cas, ça ne sera pas si bandant que ça. Voyons-voir en détail ces sorties culturelles pour nos « fêtes »:

Théâtre : La quasi totalité des bons théâtres relâchent en fin d’année, c’est bien connu. Donc pas ou peu de choses en vue. Si vous aimez les distractions de bof, rabattez-vous sur Le Paris et autres salles similaires de la région qui ont toutes un « programme festif » à vous proposer, c’est à dire le répertoire habituel de niaiseries qu’ils aiment à promouvoir. A Avignon, il reste aussi l’Opera le mal-nommé qui aura bien une petite cochonnerie d’opérette à vous proposer… et à Marseille, une ribambelle de « pastorales » à vomir qui depuis un siècle enchantent les mélomanes.

Musiques : Ce soir 17 décembre, c’est le retour des Raoul Petite (photo) et ça c’est vraiment bon. C’est au Cargo d’Arles à 21.30 h. Le 18, c’est Pony Pony Run Run qui y sera. Pas mal non plus. A l’Usine à Istres, c’est Papet J. qui s’y colle avec Poum tchack en première partie. C’est à 21 h, toujours ce vendredi 17, oy ! Autre très bon truc à Nîmes cette fois, encore le 17 à 20.30 h. au Théâtre Liger, Montse Cortes : elle a bossé avec Paco de Lucia, Vicente Amigo, Joaquín Cortés, Antonio Canales ou Farruquito, est tête d’affiche du dernier film de Carlos Saura : «Flamenco Flamenco», et son dernier disque est nominé aux Latin Grammy Awards, rien que ça ! De l’excellent Flamenco en attendant le Festival le 10 janvier prochain, qui entre autres grands de la discipline, invite cette année Moraito ou encore Andrés Marin (cf article).

Expos : Une fois ces orgies de décibels passées, vous restera plus qu’à vous rabattre sur les expos : c’est plus tranquille et tout aussi enrichissant. Bien sûr, l’expo de la Collection Lambert à Avignon, qui propose 400 oeuvres du fonds Lambert. « Je crois aux miracles », ouvert du mardi au dimanche jusqu’à 18 h. A Avignon toujours, profitez de vos vacances pour aller au Musée du Petit Palais, qui possède un des fonds les plus riches d’Europe de Primitifs Italiens (Xe au XVe siècle). Une merveille, à découvrir ou redécouvrir dans votre ville. Dans le coin également, les belles photos de Sarah Moon à l’Hôtel de Campredon à l’Isle sur Sorgue. A voir, même si c’est souvent trop esthétisant. Au Carré d’Art, Musée de Nîmes, Pedro Cabrita Reis, pour une expo « L’un après l’autre, quelques pas silencieux » jusqu’au 23 janvier 2011. L’Âge d’or de la peinture hollandaise et flamande du Städel Museum, c’est au Musée Guggenheim Bilbao qui accueille donc une exposition très complète des fonds du Städel Museum de Francfort-sur-le-Main. Fondé en 1816, le Städel Museum possède une des collections d’art du XVIIe siècle parmi les plus importantes d’Europe. Enfin, si vous allez à Paris, allez mater Fresh Hell au Palais de Tokyo, un bon truc. Surtout, une belle rétro Basquiat au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (XVIe), à ne pas rater. Et ne loupez pas non plus l’expo Mondrian au Musée d’Art Moderne-Centre Pompidou…. Un must !

Joyeuses fêtes donc, et vous gavez pas de foie gras : c’est pas flamenco !

La Mie de l’Art

MARIE-JOSE ROIG une fois encore à côté de la plaque

17 Déc

LE COUTEAU DANS L’OS d’Antonio Sanz

Vous avez vu la dernière ? Notre (très) chère maire Noël a décidé de sous-titrer chacune de nos voies publiques en Occitan. Pardon, Provençal. Bref en une pauvre langue morte depuis très longtemps (depuis que Dante l’a utilisée par mégarde dans sa « Divine Comédie » pour être précis), totalement inusitée par nos concitoyens maintenant que les poilus de 14 sont morts et enterrés, et tout juste otage de quelques associations nostalgiques de « purs » Provençaux qui fleurent bon le nationalisme pétainiste.

Une belle revanche pour ce ringard d’Aubanel, un enfant du pays, ou pour ses copains « felibres », tous idôlatrés par les trop fameux collabos de l’Action Française et autres Maurassiens de bon teint.

Bref, pour faire plaisir à ces papys mistraliens et autres aficionados du « parler » provençal, dialecte qui au passage ne doit plus guère compter plus de 5 000 locuteurs, notre mairesse bienfaitrice de l’ethnologie et des langues rares va se fendre de plus de 80 000 euros (au bas mot, si l’on comptabilise toutes les voies et places « reliftées ») sur notre dos de contribuable, pour pavoiser nos rues de cet idiome rétrogade et surtout illisible pour le commun des Avignonnais !

Sauf que Avignon n’est pas Barcelone. Et d’ailleurs, cette grande métropole espagnole -oui, espagnole, ne vous en déplaise- peut au moins se targuer d’utiliser au quotidien sa langue « indépendantiste », puisque le Catalan compte quand même 7 millions de locuteurs. Et que ceux-ci ne sont pas tous des fachos, même si parfois ils sont limites, en témoigne cette interdiction absurde de la Corrida -un art que nous défendons et soutenons- sous le prétexte d’indépendantisme et dieu sait quelle connerie de revendication hors-sujet.

Voilà. 80 euros environ par plaque apposée, tout ça pour donner à Avignon un air de je ne sais quoi de plus « Provençal », de plus régionaliste, bref en deux mots : de plus ringard et nationaliste. Un truc très coûteux pour nos concitoyens, au prétexte d’affirmer une « provençalitude » qui n’existe plus que dans l’esprit embrumé de Madame Roig et de quelques attardés cacochymes, nostalgiques du Vichysme, et certainement fervents pélerins de la plaque apposée à Maillanne par Pétain lui-même à la gloire de « l’immense » Frédéric Mistral, mauvais écrivain et frontiste avant l’heure. Merci et Amen, pour reprendre Angelina tantôt.

Antonio Sanz

LIGUE DU SUD : Bons pains comme les Bompard

17 Déc

LE BILLET D’ANGELINA

Faîtes ce que je dis, ne dites pas ce que je fais. Ce pourrait être la devise des Bompard, ce couple d’ex-frontistes toujours prompts à dégainer le fameux « tous pourris » de leur ancienne et fort usée icône Le Pen dont ils se sont depuis furieusement (et opportunément) dépris.

Ces deux-là en tout cas ont compris depuis longtemps le coup biblique de la multiplication des pains, et se le sont appliqué à leur usage, consciencieusement, sans état d’âme. Les faits : la justice, sur dénonciation de plusieurs des conseillers du Bompard maire d’Orange (ces gens-là finissent toujours par se dénoncer, c’est dans leurs gènes), la justice donc, les soupçonne gravement de s’en être mis plein les poches en spéculant sur des biens immobiliers acquis à prix cassé sur le dos de la municipalité puis revendus dans la foulée avec de gras bénéfices. Cela s’appelle « prise illégale d’intérêts » et Jacques « mains propres » Bompard qui n’ignore pas la loi (il est avocat, faut-il le rappeler), va pouvoir méditer sur la fameuse devise lepeniste qu’il aimait tant. Mieux, sa petite famille en a largement profité, gendre et fille ayant également été mis en examen pour « recel ».

Une bien touchante famille provençale (bien de chez nous quoi), qui, toujours prête à se rouler dans la fange néo-frontiste et à professer de furieux anathèmes à l’endroit de toute la classe politique, n’en oublie pas moins de se préparer une retraite dorée, en cette bonne ville d’Orange où, il est vrai, plus de la moitié des électeurs soutenant leurs thèses racistes et nationalistes, ils sont assurés de couler des jours heureux, entourés de leurs semblables et garnis d’abondance, en pondant beaucoup de petits fachos. Amen.

Angelina Vivaldi

LIBERTICIDE LOPPSI 2 : Et maintenant, blogueurs, gare à vos fesses !

16 Déc

Débattu tardivement hier soir à l’Assemblée Nationale, le fameux article 4 de la Loppsi 2 a été adopté. Brice Hortefeux et ses soutiens sont donc parvenus à repousser l’intervention préalable du juge pour bloquer d’éventuels sites « illicites » (en particuliers ceux proposant de la pédopornographie, le cheval de Troie du filtrage), tout comme l’intervention de la Cnil, décidément muselée, ou la rédaction d’un rapport d’application annuel jugé « pas nécessaire » par le Ministre de l’Intérieur… Les amendements déposés par l’opposition pour amoindrir l’effet d’un potentiel filtrage du Net ont été rejetés à la chaîne.

S’il ne représente qu’une « petite » partie du projet de Loi, qui couvre des champs bien vastes, cet article 4 a mis depuis plusieurs mois le feu aux poudres sur le Net. Il fait partie du chapitre sur la lutte contre la cybercriminalité, veut protéger « les internautes contre les images de pornographie enfantine » en mettant en place une liste noire de sites qui devront être bloqués par les fournisseurs d’accès. C’est donc de la mise en place d’un système de filtrage d’Internet qu’il s’agit. Une première qui ne manque pas d’affoler les défenseurs de la liberté d’expression, qui redoutent la mise en place d’un mécanisme de censure qui pourrait être bien vite étendu à d’autres sujets moins « fédérateurs ». Comme WikiLeaks, attaqué par Eric Besson la semaine dernière. D’autant qu’il s’agit d’une procédure administrative et non judiciaire centralisée par l’Office de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).

En janvier, à l’Assemblée nationale, le texte avait été amendé, imposant la décision d’un juge avant tout blocage. Mais il est revenu à son état d’origine en septembre au Sénat, avec une argumentation toute en subtilité de Brice Hortefeux : « Lorsque la maison brûle, on ne demande pas au juge l’autorisation d’envoyer les pompiers. » En novembre, un communiqué sur le sujet a fait grand bruit. Il venait de l’Ange Bleu, association nationale de protection de l’enfance, qui considère le blocage des sites comme une disposition « inefficace, contre-productive et dangereuse à l’égard de l’exercice démocratique ».

L’intervention du Conseil Constitutionnel est désormais pour les opposants à l’article 4 la dernière solution pour tenter de réintégrer l’autorité judiciaire dans le processus.

Alexandre Hervaud, Erwan Cario / ECRANS / Liberation.fr
titre original de l’article :  » Loppsi 2 : et pour quelques clics de cybercensure »

THEATRE : Claude Régy dompte la Brume de Dieu

16 Déc

Brume de dieu par Claude Régy : une hypnose de la simplicité

Le silence se fait parmi les spectateurs avant même que la lumière ne les plonge dans le noir. Ont-ils déjà vu un spectacle de Claude Régy ? Possiblement. Mais pas forcément. Qu’importe.

Un espace vide au plafond bas
C’est l’espace qu’ils regardent qui fait silence en eux. Un espace vide, un espace perdu (le premier livre de Régy avait pour titre « Espace perdus », réédité par Solitaires intempestifs), un espace qui en impose par sa nudité.

Au fond de cet espace encore inhabité, dans une miroitante pénombre, chatoient les reflets de la salle, les mouvements flous des derniers spectateurs qui prennent place sur les gradins. Un espace vide et profond donc, au plafond bas.

Ceux qui connaissent le lieu songent immanquablement à l’architecture de la Ménagerie de verre où le spectacle va se donner à Paris de décembre à janvier.

Maître en scène

Mais nous sommes dans un quartier excentré de Rennes, au Festival Mettre en scène, dans une salle qui porte le beau nom de Didier Georges Gabily.

Un lieu juste. S’il y a un homme en France qui porte haut l’expression « mettre en scène », c’est bien Claude Régy, ce maître en scène.

Une expression étrange au demeurant que celle de « mettre en scène ». Comme on dit « mettre bas » ? Pourquoi pas. La naissance (d’une phrase, d’un geste, d’une lumière, d’une écriture) est au cœur de l’art de ce maître sans pareil.

Au fil des années, son théâtre monte, chaque fois, plus haut encore, vers la raréfaction, le condensé d’une sorte d’hypnose de la simplicité.

L’acteur porteur d’ailleurs

Et donc, d’abord le silence devant l’espace nu. Puis, un noir lent et le silence encore, laissant au corps (oreilles, yeux, muscles et nerfs) le temps de se débarrasser des scories du dehors, se s’apaiser, de s’ouvrir. Le théâtre de Régy est un filtre.

Alors la lumière se renverse sans se presser, semblable à une profonde respiration nocturne. Et cela apparaît. Qui ? Quoi ? L’être-là du théâtre : l’acteur porteur d’ailleurs et tendu vers cet ailleurs.

Hallucination première, ce soir-là, à Rennes, j’ai d’abord cru voir non un corps de chair mais une petite marionnette. Et puis, très vite, et bien vivant celui-là, un corps d’enfant, pieds nus, marchant de droite à gauche sur un sol d’encre comme on le dit d’une étendue d’eau par temps de nuit.

Et le voici qui, soudain, suspend sa marche, pied droit comme à l’affût. Ainsi que l’on s’arrête dans une forêt quand bruisse un froissement d’ailes, de feuilles.

Puis, il reprend sa marche, revenant de gauche à droite, dans le sens du temps. Près de nous enfin, ce n’est plus un enfant qui marche mais désormais un jeune homme, bras le long du corps.

Au milieu du gué, il se tourne vers nous.

Le langage des oiseaux

Ses premiers mots sont incompréhensibles, non que l’acteur les articule mal, mais ils viennent de loin, d’une langue encore dans sa gangue. Ils naissent aux lèvres ou plutôt y émergent, viennent y clapoter.

Plus tard, on se dit que c’est un noyé qui nous parle. Les morts aiment venir parler dans les théâtres de Régy.

Mattis disparaîtra au fond du lac à la fin du roman de Tarjei Vesaas « Les Oiseaux “ (écrit en néo-norvégien et traduit par Régis Boyer, éd. Plein Chant), mais nous n’en sommes là.

‘ Brume de dieu ’, titre du spectacle, englobe en amont les (courts) chapitres XVIII et XIX qui ouvrent la seconde partie du roman, pages 113-125.

C’est cet extrait que l’acteur Laurent Cazanave, encore élève à l’école du Théâtre national de Bretagne, avait choisi parmi ceux que Régy proposait aux élèves. Le spectacle est né de cette double rencontre.

Le roman raconte l’histoire de Mattis surnommé ‘La Houppette’, un jeune paysan norvégien que l’on dit demeuré mais qui sait parler aux oiseaux et comprendre leur langage.

Il vit avec sa sœur Hege. Quand il voit une passée de bécasses filer au dessus de leur maison, il ne comprend pas qu’elle ne se lève pas de son lit pour aller voir ça.

Du côté de Mattis

Régy n’a pas adapté le roman, il a puisé un extrait comme un seau sonde l’eau du puits, procédant seulement à quelques coupes légères pour recentrer le récit sur Mattis. Vesaas écrit au discours indirect mais sa parole penche du côté de Mattis.

Il va être question d’une bécasse, d’une barque, d’une conversation avec Hege à laquelle il pense quand il est sur le lac, Mattis pense encore ‘ aux jours d’autrefois ’ quand ses parents vivaient encore tandis qu’un trou dans la barque laisse entre l’eau.

Il écope, il pense.

Il pense maintenant à la dernière nuit, à la conversation qu’il aurait voulu nouer avec sa sœur, ‘ toujours tournée vers le mur ’, pas heureuse. Et l’eau monte de plus en plus dans la barque.

Mattis crie ‘ sauvagement ’ le nom de sa sœur, puis rame tant et plus et accoste à un îlot. Il attache la corde de la barque à son pied :

‘ Je fais attention à toi, tu fais attention à moi’, dit-il à la barque. Aussitôt après, il sombra dans la torpeur. ”

Fin du chapitre XIX, fin du spectacle.

Ecoper le trop plein

Cette séquence du roman est comme l’écho prémonitoire du dernier chapitre ; elle annonce tout autant en creux le grand moment de bonheur des chapitres suivants -et de la vie de Mattis- celui où le jeune homme rencontre deux inconnues, qui ne le considèrent pas comme un demeuré, comme La Houppette mais comme un gars, un beau gars et d’ailleurs il se donne à lui-même un autre prénom.

Il ne se passe rien d’autre que cette rencontre fraternelle, mais pour Mattis, c’est considérable.

Tout se passe comme si, dans le condensé de deux chapitres, l’acteur avait sous sa rétine tout le roman en flux tendu. Ses lèvres qui s’arrondissent comme celle des batraciens du lac prononcent des mots qui semblent dictés par ce que capte son regard changeant. La vision étant première, la parole la déchiffre. L’écoute n’en est que plus sensible.

Sur cela, vient se greffer un phénoménal travail de modulation quasi constante de la lumière, d’autant plus phénoménal qu’il est souvent imperceptible. Lumière de brume, brume de lumière, le regard vacille, oscille et l’écoute des mots engendre à son tour ses propres visions.

Le regard du spectateur tremble. En sortant de la salle, submergé, il lui faudra écoper son trop plein.

Jean-Pierre Thibaudat | Journaliste | Blog Theatre et Balagan / 09/12/2010

► Brume de dieu par Claude Régy – Ménagerie du verre, Festival d’automne – 20h30 du 13 déc. au 29 janv., sauf dim ; les 24, 25, 31 déc. et 1er janv. – Rens. : 01 53 45 17 17, 01 43 38 33 4.
Photos : Laurent Cazanave dans “Brume de dieu” (Brigitte Enguerand).

HOMMAGE : Estrella Morente chante pour son père Enrique

16 Déc


Granada. Estrella Morente chante pour Enrique Morente, le grand cantaor du flamenco décédé il y trois jours à 67 ans.